BREAKING NEWS

! BREAKING NEWS ! Je quitte la Martinique à l'été 2022. N'hésitez pas à me solliciter pour programmer des rencontres dès la rentrée, je serai enchantée de vous retrouver !

lundi 28 juillet 2008

AAAAAAAAAAAARRRRRRRRGGGGGHHHH

Entre les pfff et les arrgggh, on pourrait croire :

- que je me suis lancée dans une grande auto-étude inédite sur « Les effets de l'économie de salive sur la consommation quotidienne de liquides » (je vous vois déjà venir, mais non non, je bois de l'eau ! Nanmého, j'ai un bébé élevé sous la mère, moi ! )
- que je suis à l'article de la mort (écrasée sous une demi-tonne de lettres de refus ou de linge à repasser…ou les deux)
- que je me suis mise à parler comme mon amoureux, ah ah, c'te blague, non, comme mon petit Paul qui commence à me faire des grands discours dans un mystérieux langage réservé aux initiés…

Hé bien non ! Que nenni ! Je dis « arrrrgggh » parce que…parce que quoi, déjà ? Ah, oui ! Parce qu'il faut que j'entame les grands travaux dans mon dernier texte, celui sur la droguerie (pour ceux qui suivent). On m'a conseillé de le retravailler pour qu'il soit plus mieux bien (hin hiiin, vous aimeriez bien que je vous dise de quel éditeur international je parle, bande de petits curieux !! bon, d'accord, en fait, c'est ma mère. Naaan, je rigole.)
Et donc, pour ces grands travaux, je ne sais pas comment m'y prendre…
Arrrrrrrrrrrrgggh !

dimanche 27 juillet 2008

pfff...

Il parait qu'il faut écrire des messages très régulièrement s'il on veut que son blog reste référencé en bonne place dans les moteurs de recherche...pfff...chépakoidire, moi !

Ceci dit, ça y est, j'ai écrit un message...Bon, faudra pas que je fasse ça trop souvent, sinon y'a bien que ma mère qui continuera à venir sur mon blog !

mercredi 9 juillet 2008

Une rescapée...

En essayant de retrouver, à droite à gauche, les morceaux de mes productions (épars depuis que ma clé USB a rendu l'âme sans même me prévenir !), j'ai mis la main sur ce texte que j'avais écrit pour le concours de la Nouvelle Gourmande de la ville de Périgueux. Le sujet était : "le plaisir, la satisfaction et l’éveil des sens que peuvent faire naître la confection, la réussite ou la dégustation d’un plat, d’un repas autant que les senteurs et les parfums et les couleurs d’un marché. Il s’agit d’un récit bref, de fiction, dans lequel la qualité de la langue française doit permettre de savourer les mots avec délectation."
C'était mon premier essai de texte "pas-pour-les -enfants"...Alors je lui offre un semblant d'existence en le publiant sur mon blog ! Lisez-le, ça lui fera plaisir !
Et pour info, le Prix est reconduit chaque année...pour 2008, les textes sont à rendre avant le 18 septembre et il y a 3000 € à la clé. Chouette.

Dans une simple assiette de porcelaine blanche



Une jeune serveuse au visage ordinaire lui apporta le premier plat. Elle s’immobilisa devant lui, la mine figée dans un masque d’obséquiosité, l’assiette serrée dans ses mains aux ongles peints. Il décida qu’un tel manque de distinction faisait offense à l’évènement. « Aucune importance » pensa-t-il en la remerciant. Dans son esprit, il venait de la remplacer par une superbe brune au teint pâle.
La bouche pleine de salive, il contempla, fasciné, la promesse de bonheur déposée devant lui, dans une simple assiette de porcelaine blanche. Il attendait ce moment depuis si longtemps. Au fur et à mesure que la date approchait, le douloureux désir s’était mué en jouissance. Il savait qu’à la première bouchée, le plaisir tout particulier de l’attente s‘évanouirait, chassé par la déferlante gustative répandant son exquise chaleur dans son corps engourdi d’années.
Il ferma les yeux, décidé à donner à cet instant une solennité de circonstance.
Puis, lentement, il saisit la fourchette argentée, piqua un morceau de foie gras satiné et l’amena sous son nez. Il voulait d’abord l’observer, le sentir, en comprendre l’odeur avant d’en expérimenter le goût. Quand les premières molécules s’emparèrent de son nez, un arôme de fête le submergea, presque immédiatement suivi par la réminiscence des Noëls en famille. L’odeur du sapin, le bruit des bûches crépitant dans la cheminée, le crissement de la neige sous les pieds. Les sempiternelles querelles au sujet de celui qui serait de corvée pour ouvrir les huîtres. La certitude que ce serait encore lui, mais le bonheur enfantin de goûter avant les autres à ce parfum iodé. Le rire de Marie et de leurs 6 petits-enfants.
Il décida que le moment était venu de porter à ses lèvres la fourchette et son délicieux contenu. Les tempes battant sous ses cheveux argent, il ouvrit grand sa bouche, son cœur et son esprit.
L’émotion provoquée par la douce caresse du foie gras fondant sur sa langue lui fit monter les larmes aux yeux. Un baiser d’enfant, un mot d’amour chuchoté par une voix adorée. Puis la puissance d’un goût incomparable, de ce goût dont il avait, il ne savait comment, oublié la charnelle violence.
Il dégusta lentement le reste de son assiette, alternant la figue et le foie gras, la roquette et la coriandre, attentif aux émotions provoquées par ce patchwork de saveurs le ramenant à la vie. Textures et flaveurs se mariaient à la perfection : le poivre de la roquette associé à la figue craquante et sucrée le plongea dans un abîme de délectation. Tout à son plaisir, il ne vit même pas la jeune fille venir s’assurer qu’il ne manquait de rien. Pas plus qu’il n’entendit les cris de l’enfant à la table voisine. Perdu dans ses pensées, il savourait cette fête – sa fête - du goût et du passé.
Pour la suite, il avait commandé un sauté de poulet au gingembre et au sésame. Il était impatient de goûter au souvenir d’un des moments les plus heureux de son existence.
La volaille odorante fut apportée par la jeune fille ou plutôt la brune sublime que son imagination lui préférait.
La peau du poulet était parfaitement dorée, il pensait déjà au bruit croustillant qu’elle ferait sous la pression du couteau. Il contempla béatement le sésame qui habillait délicatement la volaille d’une robe de plumetis blancs. Il respira l’odeur piquante et citronnée du rhizome jusqu’à ce que son nez en soit pratiquement anesthésié. L’effet escompté se produisit. Marie se tenait devant lui. Ils étaient dans la cuisine, attablés et dévorant avec les doigts une cuisse de poulet truffée de gingembre. Il voyait les yeux rieurs de Marie pétiller de plaisir lorsque sa langue rencontrait un morceau de l’épice poivrée et sucrée. « Et en plus, c’est bon pour la digestion, la circulation, contre les rhumes…et pour la vigueur sexuelle ! » répétait-elle à chaque fois qu’elle en mangeait. Pour lui, le gingembre avait un goût d’allégresse depuis de nombreuses années, depuis ce très lointain jour de février où ils déjeunaient en regardant la neige tomber. Du bout du doigt, Marie récupérait soigneusement les derniers morceaux de gingembre laissés dans son assiette. C’était la première fois qu’elle goûtait à cette curieuse racine, et l’expérience l’avait laissée ravie et étonnée. Soudain, elle avait levé les yeux vers lui. Ils brillaient d’un éclat très particulier. « Je suis enceinte » lui avait-elle simplement soufflé.

Il ouvrit les yeux : Marie avait disparu. Il était seul dans ce restaurant de province, le cœur encore gonflé par cette réminiscence de bonheur.
En hommage au passé, il saisit la cuisse de poulet dans ses doigts fébriles.


Comme prévu, la peau grillée craqua agréablement, tandis qu’une légère giboulée de sésame tombait dans l’assiette.
Sous les yeux outrés de la vieille dame de la table de gauche, il porta un morceau de volaille à la bouche. La chair était ferme et juteuse, délicatement parfumée de gingembre frais.
Ce fut un rare délice d’une dizaine de minutes, pendant lesquelles le plaisir ressenti par son corps écarta à nouveau son esprit de toute autre considération. Quand il ne resta plus rien dans l’assiette, il se lécha les doigts pour ne pas perdre une molécule de ce réconfort gustatif.
Il ne toucha pas au riz, qui lui rappelait la cantine de là-bas, même si celui-là n’avait pas l’air aussi collant. « Pourtant, la mangue, c’est une bonne idée » se dit-il en contemplant les petits dés jaunes perdus au milieu des grains blancs. Il se rendit compte qu’il avait oublié le goût de ce fruit onctueux. Il hésita à goûter un petit morceau. Mais décidément non, le contact avec le riz en rendait l’éventualité insupportable.
« Vous avez terminé ? » lui demanda la jeune fille en se penchant vers lui. Il acquiesça en contemplant deux seins ronds, mal à l’aise dans une chemise trop étriquée pour ne pas éveiller la concupiscence masculine ou la médisance féminine.
La serveuse partie, il attrapa le verre à pied et but une gorgée d’un vin à la jolie robe rouge carmin.
Le délicieux nectar se répandit en volutes de saveurs enjouées. Moelleux, bourru, racé, rond ou canaille : lui qui avait toujours été dubitatif face au sabir des amateurs de vin sentait clairement des notes de cannelle s’accrocher à son palais. Il hésitait entre charpenté et racé, deux termes qu’il avait souvent entendus sans vraiment les comprendre, quand la serveuse lui apporta le plat suivant. Pour cette soirée qui n’appartenait qu’à lui, il avait décidé de ne rien économiser : ni son temps, ni son argent. Ce festival d’odeurs, de saveurs et de souvenirs était le symbole de sa renaissance. Il marquerait un nouveau départ.
La jeune fille déposa la lotte d’un air plus artificiel que jamais. En lieu et place dans son esprit, l’image de la brune à la pâleur marmoréenne était déjà imprimée. Il était satisfait de la teinte opaline qu’il avait choisie pour la fille : avec le zinzolin presque agressif de la sauce à la myrtille dans l’assiette, le contraste était étrange et saisissant.
Sans se soucier de la vieille sur la gauche, que le persiflage systématique intéressait apparemment bien plus que le contenu de son assiette, il attrapa sa petite cuillère et commença à racler la sauce épaisse. Il regarda l’éphémère sillon blanc tracé par la cuillère disparaître à nouveau sous la sauce. Puis, respectueusement, religieusement même, il la goûta. Elle était délicieusement sucrée, relevée d’une légère pointe d’acidité. Il savait qu’elle le mènerait dans la maison de son enfance, quand il ramassait les précieuses petites baies avec ses frères. Ils prenaient une infinie précaution pour ne pas les écraser, en avalaient autant qu’ils en cueillaient et ramenaient à leur mère le butin, la mine triomphante et les vêtements constellés de tâches bleutées.


Il dégusta lentement la sauce à la myrtille et les souvenirs de son enfance avant d’entamer la lotte. La chair était ferme et nacrée. Parfaite. Il n’y avait plus de sauce pour l’habiller, mais ça n’avait pas tellement d’importance, la fraîcheur du poisson le dispensant de tout accompagnement. « Comment une chose si laide peut-elle être si bonne ? » se demanda-t-il, amusé, en pensant à l’aspect repoussant du poisson.

Il n’avait pas demandé de fromage, il n’en avait jamais supporté l’odeur, ce qui avait toujours suscité la plus profonde incrédulité de la part de 99% des personnes ayant pu partager un repas avec lui. Pour certains, c’était même aussi incompréhensible que de manger des haricots en boite. Ou que d’avaler du bloc de foie gras tartiné sur du pain de mie industriel.
Ces considérations gustatives prirent fin avec l’arrivée fracassante du chariot de dessert cahotant sur les irrégularités du parquet. Merveilleuse vision que cette improbable roulotte promenant ses tiroirs de saveurs au milieu des regards envieux, surtout quand on sait que c’est devant soi qu’elle s’arrêtera en premier lieu. Devant lui trônaient donc une bonne vingtaine de desserts en tous genres. La variété des couleurs et des textures lui rappelait les étals des marchés d’été. Qu’elles lui semblaient loin, ces allées bigarrées ! Depuis combien de temps n’avait-il pas flâné au milieu de producteurs bedonnants, s’égosillant pour attirer le chaland ? Depuis quand n’avait-il pas vécu le plaisir simple de remplir son panier d’abricots tous justes cueillis ? De fèves au vert tendre ? D’un melon à l’odeur arrogante et d’une baguette croustillante ?
Il s’en fit la promesse : après le restaurant, le marché serait la seconde étape de sa redécouverte de la vie.
Après une longue et délicieuse hésitation, il se décida pour un assortiment mêlant le classicisme le plus absolu à l’aventure gustative. Un fondant au chocolat, une timbale d’œufs à la neige et une mini-charlotte à la poire se retrouvèrent face un petit beignet à l’angélique, un morceau de pavlova et de la mousse fraise et basilic.
L’exploration de ces multiples saveurs lui prit une bonne demi-heure, souvenirs compris. Défilèrent pêle-mêle les vacances itinérantes à travers la campagne française, les soirées avec ses fidèles amis et même sa fabuleuse rencontre avec Count Basie.
Pour le restaurant comme pour chacun des plats, rien n’avait été laissé au hasard. Les longs mois passés dans l’ambiance javellisée d’un hôpital de banlieue, au milieu de vieillards aux yeux éteints, avaient été un électrochoc. Entre les murs blancs de la chambre, il s’était fait la promesse solennelle de profiter de tous les instants supplémentaires qu’il lui seraient désormais accordés. A 72 ans passés, il n’avait pas le droit d’effilocher un ruban d’années déjà bien utilisé. Il voulait porter un œil neuf sur tout ce qui l’entourait. Renaître. Redécouvrir l’importance de toutes ces petites choses qui sont la vie. Et pour marquer ce nouveau départ, il avait décidé de s’offrir, lorsqu’il sortirait enfin, un arc-en-ciel de saveurs et de souvenirs.


Il avait donc choisi les évènements heureux de sa vie, avait composé le menu qui les ferait revivre au mieux et avait cherché le restaurant qui pourrait les lui proposer. Et en ce jour particulier, il avait vécu une expérience sensuelle inespérée. Il lui semblait que tous les goûts, toutes les odeurs étaient différentes. Plus intenses. Il ne comprenait pas comment il avait pu traverser plus de 70 ans sans frémir sous la caresse d’un foie-gras ou sans prendre mesure de la saveur insolente d’un simple morceau de poulet doré.
En sortant du restaurant, il inspira l’air frais à pleins poumons. Il était serein, apaisé et étrangement revigoré. Dans le cœur et dans la bouche, ces madeleines de Proust lui laissaient un goût délicieux. Il sourit.
« Finalement, Marie-ma-jolie, je ne suis pas si pressé de te rejoindre ! » murmura–t-il en levant au ciel son beau visage sillonné de rides.



jeudi 3 juillet 2008

Terminé !

Je viens de terminer un nouveau petit roman...ça se passe dans une droguerie ! Je trouve ça assez poétique, en fait, les drogueries... ça a un petit charme suranné.

Voici le début :

Pour rentrer de l’école, mon copain Nathan et moi, on prend toujours le même chemin. On est en CM2, alors depuis le temps, on pourrait le faire les yeux fermés !
D’abord, on passe devant la boulangerie de Madame Dumoulin, qui a un bébé avec des joues toutes roses et rondes comme des brioches. Des fois, elle nous en donne, mais ce n’est pas souvent, j’ai l’impression que c’est juste quand elles sont trop cuites.
Ensuite, il y a une laverie automatique, qui est souvent vide et toujours moche. Quand on passe devant, je fais exprès de ne pas regarder à l’intérieur, pour punir le patron d’avoir mis un truc aussi triste dans le quartier.
Après, on traverse la rue et on passe devant chez Viviane. Elle est coiffeuse, elle est assez chouette, sauf que son salon s’appelle Diminu’tif. Et ça, ça gâche tout, parce que c’est complètement nul, comme nom. Moi, si j’avais un magasin, je lui trouverais un nom aux petits oignons !
Après, on passe devant la boutique d’Archibald Morel, qui n’est pas tellement content de vendre des téléphones, parce que son vrai métier, c’est de faire des photos. Pas des photos de mariés qui prennent des poses complètement tartes dans un parc, mais des vraies photos ar-ti-stiques qui valent un paquet d’euros. Il aurait bien attendu que les gens se rendent compte de son talent, Archibald, mais le grand frère de Nathan, qui le connaît bien, dit que c’est son amoureuse qui ne voulait pas.
Ensuite, il faut que l’on fasse attention de pas trop faire les imbéciles, parce qu’on arrive devant la pharmacie de Monsieur Grapin, qui surveille toujours ce qui se passe dehors en regardant par-dessus ses lunettes. Il aurait dû faire concierge ou gendarme, Mr Grapin, mais pas pharmacien. Là, normalement, je dis au revoir à Nathan parce qu’il tourne à gauche pour rentrer chez lui. Sauf, par exemple, si j’ai du gâteau au chocolat, parce que dans ces cas-là, il continue un peu avec moi. Il me reste encore les deux immeubles qui viennent d’être refaits, le square et le bureau de poste et après je suis arrivé.
Il reste aussi le magasin d’Armel Lampion.
Son magasin, à Armel, on dirait qu’il est tout ratatiné entre les deux gros immeubles qui le serrent comme s’ils voulaient le faire disparaître. Sa devanture est toute timide et à côté des nouveaux immeubles bien propres, elle a l’air encore plus vieille que la voiture de mon papi qui n’a même pas la clim’, ni les vitres électriques. Dans la vitrine d’Armel, il n’y a pas de trucs qui clignotent comme chez Archibald Morel. Pas d’énormes affiches pour une nouvelle super crème amincissante qui pulvérise les bourrelets en 3 semaines chrono, comme chez Monsieur Grapin.