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mercredi 23 avril 2008

Moi, peur? Jamais ! (Milan presse, mai 2008)





"Moi,peur? jamais !" est une "grande" histoire (de plus 30 000 signes, pour les initiés) qui s'adresse à des enfants à partir de 8/9 ans. Il vient de sortir chez Milan Presse, dans le magazine Zaza Mimosa.J'aime tout particulièrement cette histoire...je ne sais pas pourquoi, mais c'est l'une de mes préférées. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire...
Le thème principal est la gestion de la peur. L'idée de base est d'expliquer aux enfants qu'il est normal d'avoir peur (même si les adultes ont souvent tendance à dire "mais tu es grand maintenant.."), et que la meilleure façon de soulager ses angoisses (que l'héroine de l'histoire compare à un sac de cailloux) est de les partager avec d'autres...Il s'agit donc de l'histoire de Sophie, qui n'a peur de rien....jusqu'au jour où elle rentre à l'hôpital pour se faire opérer. Une intervention banale, mais qui lui fera apprendre pas mal de choses sur elle, grâce à la rencontre d'un petit garçon hospitalisé, d'un vieux monsieur qui n'a plus toute sa tête et qui cherche son chat dans les couloirs de l'hôpital, d'une infirmière qui ressemble à une fée ou encore d'un médecin qui joue de la guitare...
Les illustrations sont de Marie Margot.







Voici le deuxième chapitre. Sophie entre à l'hôpital...

Les portes s’ouvrent devant nous. A l’intérieur, tout est blanc et brillant, j’ai l’impression d’être dans une navette spatiale. Je me sens un peu bizarre…enfin, juste un peu. C’est peut-être à cause de la drôle d’odeur qui flotte dans les airs. J’attrape la main de ma mère et on avance vers le comptoir au dessus duquel est écrit « accueil-admissions ». C’est idiot, il est tellement grand, ce comptoir, je ne peux même pas voir s’il y a quelqu’un derrière. En face, il y a des tas de chaises orange avec des gens qui n’ont pas l’air tellement ravi d’être ici. Ma mère s’approche du comptoir. A priori, il y a bien quelqu’un derrière. Mais le quelqu’un en question, soit il a 90 ans, soit il est en train de piquer un petit roupillon, parce que ma mère le salue avec une voix qui ferait sursauter un menhir.
Cette fois, le quelqu’un doit être bien réveillé, alors elle continue avec un « Ma fille doit se faire opérer par le professeur De La Phalange » digne d’une tragédie grecque. De l’autre côté, rien ne bouge. Ma mère se mord la lèvre inférieure, ce qu’elle fait toujours quand elle est stressée. Enfin, une réponse arrive :
- Vous avez les étiquettes ?La voix n’est pas très engageante, je suis sûre que son propriétaire non plus. Ma mère me regarde d’un air interrogateur. Mais moi non plus, je ne sais pas ce que c’est, ces étiquettes !Le Comptoir reprend, toujours aussi gracieusement :
- Pour les admissions, il me faut les étiquettes, c’est le règlement. 2° à gauche au fond du couloir.
Ma mère se retourne vers moi et m’emmène vers les chaises en plastique.
- Sophie, chérie, attend moi ici. Je vais aller voir si je trouve ces étiquettes.
Elle m’embrasse et disparaît dans le couloir de la navette spatiale. Je l’imagine, affrontant des Comptoirs de plus en plus hauts, triomphant du sol glissant et des lumières aveuglantes, à la Recherche des Etiquettes de Sophie Chérie. Quelques minutes passent, que je remplis en essayant de deviner ce que les gens assis en face de moi peuvent bien faire ici. Pour la grosse dame à lunettes, c’est facile : elle est en train de tout raconter à sa voisine, qui l’écoute distraitement en lissant sa robe à fleurs. Son mari s’est cassé une jambe en voulant régler l’antenne télé sur le toit , ce qui est une chance, hein, parce qu’il aurait pu y rester, vous savez. Un vieux monsieur en pyjama et robe de chambre passe devant nous et s’arrête devant l’aquarium. Je suis en train de chercher ce qui a bien pu lui arriver quand je vois revenir ma mère, victorieuse, brandissant plusieurs feuilles noires de codes-barre.- Les voilà, elle dit au Comptoir en souriant de toutes ses dents. Je retourne à mon monsieur en pyjama, qui est en train de regarder l’aquarium comme s’il y avait fait tomber quelque chose. Il ne peut pas être là pour l’appendicite. Il a au moins 70 ans et ma cousine Aglaé (qui l’a eu l’année dernière) est formelle : l’appendicite, ce n’est pas pour les vieux. Au bout d’un moment, ma mère me pose la main sur l’épaule.
- Sophie ? Prête, on y va ?
Elle soulève ma valise, je la suis dans le couloir. On s’arrête tous les 10 mètres pour regarder les plans qui sont collés au mur. Malgré ça, j’ai l’impression qu’on ne prend pas tellement le chemin le plus rapide pour arriver à destination. Quand on passe devant la cantine pour la 2° fois, je ne dis rien à ma mère, je vois bien que ce n’est pas le moment. On croise plusieurs infirmières très pressées. Aux pieds, elles ont toutes des chaussures horribles, en bois ou en plastique. Soit elles ont des prix dans le magasin où se sert ma grand-mère, soit elles font partie du club des passionnées de la chaussure orthopédique.Miracle ! Nous voilà enfin devant la porte « Pédiatrie ». Ma mère pose ma valise en soupirant.
- Ah ! nous y voilà !D’un coup, je me rends compte que je ne suis finalement pas vraiment très pressée d’arriver. Je me sens encore plus bizarre que tout à l’heure. En fait, j’ai l’impression d’avoir une petite boule dans le ventre, comme un caillou qui me fait une drôle de sensation. A bien y réfléchir, ça serait plutôt un sac de cailloux tout entier.Mais comme je dois montrer à ma mère que je n’ai pas peur, je prend ma valise et lui offre un vrai sourire de publicité pour dentifrice. Je pousse la double-porte. Dans ma poitrine, mon cœur proteste en tambourinant très fort.Ici, l’ambiance est différente. D’accord, il y a toujours cette même odeur, un mélange de piscine, de dentiste et de produits pour récurer les toilettes. Mais là, c’est quand même plus gai. Il y a des dessins au mur, et cette fois, le Comptoir a l’air sympa. Elle est jeune, elle a de doux yeux gris et aux pieds, elle porte des ballerines dorées. C’est un signe. D’ailleurs, mon sac de cailloux me parait presque un peu moins lourd.
- Bonjour madame, bonjour jeune fille !
- Bonjour ! Je suis madame Valentin, et nous venons pour Sophie.
La jeune fille regarde ses fiches en fronçant les sourcils, elle doit certainement chercher mon nom. Et s’ils m’avaient oubliée ? Je rentrerais tranquillement avec maman, et …
- Bienvenue, Sophie Valentin, dit la jeune fille en pulvérisant mes espoirs . Je m’appelle Chloé, je suis l’une des infirmières du service et c’est moi qui vais m’occuper de toi. Si tu veux, avant que je ne t’emmène dans ta chambre, tu peux aller dans la salle de jeux.
Du doigt, elle me montre une grande porte vitrée, derrière nous, avant de se retourner vers ma mère en souriant :
- Pendant ce temps, je vais remplir quelques papiers avec ta maman. Madame Valentin, vous avez les étiquettes ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour votre style alerte et attrayant ! Vous avez le don de tenir votre lecteur en haleine. (Attention à la conjugaison de l'impératif).

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Chouette histoire ! Ça aurait été bien de mettre les crédits des illustrations. Elles sont réalisées par Maire Margot si je ne me trompe pas. ^_^

- Annelise Heurtier- a dit…

Il me semblait que je l'avais fait, comme pour toutes les autres, mais je vois que non ! Mince, désolée Marie, je corrige cela !