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! BREAKING NEWS ! Je quitte la Martinique à l'été 2022. N'hésitez pas à me solliciter pour programmer des rencontres dès la rentrée, je serai enchantée de vous retrouver !

mercredi 25 décembre 2013

En images et en mots

Quel boulot ! Félicitations aux élèves du collège Ronceray du Mans pour tout le travail qu'ils ont fait autour de ma venue et de Sweet Sixteen (Casterman). 



  • Un diaporama en musique : 


http://prixdeslecteurs.wordpress.com/2013/12/23/sweet-sixteen-diaporamas-de-la-rencontre-avec-a-heurtier/



  • Des vidéos des saynètes jouées par Axel, Rabab, Coralie, Samantha, sur dailymotion

http://www.dailymotion.com/video/x18h8ih_sweet-sixteen_webcam


Sweet Sixteen par vincentlemans



  • Un très joli compte-rendu : 


http://prixdeslecteurs.wordpress.com/2013/12/23/sweet-sixteen-compte-rendu-de-la-rencontre-avec-a-heurtier-par-les-eleves-du-ronceray-le-mans/






Sweet Sixteen : compte-rendu de la rencontre avec A.Heurtier par les élèves du Ronceray (Le Mans)

Plusieurs semaines déjà que  nous lisons et étudions le roman Sweet Sixteen, sélectionné pour le prix des lecteurs de la ville du Mans, que nous remontons le temps, plongés dans l’Amérique ségrégationniste des années 50. Le  grand jour qui couronne et récompense nos efforts est enfin arrivé, celui où nous  rencontrons son auteur, A.Heurtier.
Moments choisis
Pourquoi a-t-elle écrit un roman sur la ségrégation raciale aux Etats-Unis ?
Après avoir vu en 2011 le film de Tate Taylor, La couleur des sentiments, qui a pour cadre l’Amérique ségrégationniste des années cinquante,  A.Heurtier avait le projet d’écrire un roman sur Martin Luther King,  un de plus, dit-elle avec humour ! quand elle est tombée par hasard sur un article de presse relatant l’histoire des 9 de Little Rock, un épisode partagé par tous aux Etats-Unis, mais très peu connu en France et qui a éveillé sa curiosité. Elle a réalisé très vite qu’elle avait trouvé le bon sujet. Mais comme elle ne savait rien ou presque du quotidien des américains de l’Arkansas en 1957, elle a  collecté pendant 5 mois une masse considérable d’informations, mené des recherches sur internet, consulté les archives de la Bibliothèque du Congrès, acheté l’autobiographie de Melba Pattillo, Warriors don’t cry (les guerriers ne pleurent pas), afin que son récit pût toujours se targuer d’être vraisemblable.
A.Heurtier, soyez rassurée ! Nous vous le disons  haut et fort :votre pari est réussi. Vous avez su si habilement mêler réalité et fiction que tout nous a semblé vrai. Nous avons rêvé et tremblé avec Molly, espéré avec Grace, nous avons cru en elles, comme celles-ci ont cru en nous, lecteurs. Leur histoire est  le fruit inouï de ces mots qui ont grandi en nos cœurs et que nous nous délectons à lire aujourd’hui avec vous.
Pourquoi a-t-elle choisi la double narration ?
A.Heurtier a adopté alternativement le point de vue de Grace et de Molly sur l’histoire qu’elle raconte, afin que ses personnages  évoluent, imperceptiblement, au fil des mots, par petites touches, comme dans la vie. En leur  restituant leur irréductibilité, leur part d’ombre et de libre arbitre, elle les rend plus attachants, plus vrais, plus humains. Ainsi rien ne laissait présager, au début du roman, que Grace et Molly se rapprocheraient jusqu’à se découvrir l’une l’autre derrière la couleur de leurs différences et que naîtrait une réelle amitié,  ô combien improbable, entre deux adolescentes qui vivaient côte à côte sans se voir, tissée de liens fragiles, parfois aussitôt rompus, de mains tendues en secret, par delà des univers intangibles, immuables, traversés cependant par des éclairs de conscience, l’éveil de voix discordantes et rebelles.
Son  rêve ?
Rencontrer Melba Pattillo, qui a inspiré le personnage de Molly et l’écriture de ce roman,   journaliste en Californie, à 8 heures d’avion seulement de Tahiti ! Ce serait un grand honneur, une grande joie, si grande que peut-être elle serait trop intimidée pour oser lui parler, une grande crainte aussi, qu’elle lui reproche d’avoir trahi la vérité de son combat. Alors que son but n’était pas d’écrire une leçon d’histoire ou de délivrer un message, mais de retranscrire, dans l’émotion, le vécu douloureux de ces 9 étudiants noirs du lycée central de Little Rock, humiliés, insultés, menacés, jetés en pâture à la haine ordinaire de 2500 blancs, de rendre hommage à leur courage, à leur volonté farouche et inexorable pour qu’un jour le monde change.
De quel personnage est-elle la plus proche ?
Honnêtement, elle ne sait pas si elle aurait eu la force comme Molly de rêver l’égalité, de contester la supériorité naturelle et historique des Blancs, de vouloir changer les choses et encore moins peut-être le courage, tout aussi admirable, de Grace, jugée trop claire par les membres du Klan pour avoir vu l’invisible couleur, pour avoir mis en doute les certitudes séculaires qui lui ont été transmises depuis son plus jeune âge, héritées de la traite des noirs, de l’esclavagisme, des lois ségrégationnistes, pour avoir osé penser différemment.
Que ressent-elle  lorsqu’elle écrit?
Elle vit de multiples destins et existences ; elle ouvre des portes sur l’immortel infini des possibles. Je est un autre, un voyageur dans un temps comme suspendu. L’état de transe qui  la saisit alors et dans lequel elle  s’oublie soi-même est la raison de son attrait, de sa fascination pour l’écriture.
Auteur, est-ce un métier ?
A.Heurtier est un auteur qui vient de loin, au sens propre (tahitienne de cœur et d’adoption, elle habite en Polynésie française, confetti des antipodes) et au sens figuré (elle n’avait jamais pensé  faire de la littérature son vrai travail, mais se retrouvant sans emploi sur une île où hélas le soleil et la mer ne peuvent faire oublier des taux de chômage records, plus élevés qu’en métropole, écrire s’est imposé à elle tout naturellement.)
Plutôt qu’un métier, être auteur est davantage une passion, un engagement même si elle se défend d’être un écrivain engagé. On n’écrit pas pour gagner de l’argent et faire des profits. Mieux vaudrait alors tenter sa chance aux jeux. C’est une vérité aujourd’hui comme hier que l’on vit de sa plume plutôt mal que bien : trente centimes sur les 6 euros du prix de vente d’un livre tombent dans la maigre escarcelle de l’auteur. Le cas Rowling est une exception. On écrit, mus par une nécessité intérieure, impérieuse, qui exige des sacrifices.
Ecrire avec Internet
La panoplie de l’écrivain s’enrichit indubitablement des nouveaux outils numériques qui révolutionnent non seulement la manière que nous avons d’écrire mais aussi  notre perception des mondes les plus obscurs, les plus inaccessibles, les plus reculés de la réalité transmués par les mots. Nous sommes désormais allés trop loin pour revenir en arrière.  Ainsi la description de l’aéroport d’Oulan-Bator dans mon prochain roman, explique A.Heurtier, si elle doit beaucoup à l’imagination de son auteur, aurait été tout autre sans l’usage de Google Earth.
On fait cercle autour de AnneLise Heurtier, on l’écoute, impressionnés : rencontrer un auteur, quel honneur et quel privilège !
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L’idole des jeunes, le groupe  rock « Sweet sixteen », en concert au Ronceray’s central High, a interprété son dernier tube, « Hope and courage are colourless », « L’espoir et le courage n’ont pas de couleur » !
Pour honorer la présence exceptionnelle de l’auteur des textes, Otthman, Océane, Linda, Ourida ont chanté leurs plus grands succès : The road from Little Rock, Ike strikes, The rocking badge of courage, Black side story, I have a dream, Side by Side, ……
Info exclusive pour les fans : un deuxième album est en préparation à Oulan-Bator, en Mongolie. Sortie prévue en 2014.
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« Pour que plus jamais d’autres que toi, Molly, ne pleurent leur sweet sixteen ! »
Dans la boîte d’anniversaire que Laurine  a imaginée, une carte, des boules de neige de changements, multicolores, symboles d’un espoir toujours possible, d’une réconciliation, d’un avenir où tous les hommes marcheront main dans la main, comme des frères et des sœurs . On peut y lire des slogans tels que :
« Tous égaux, tous différents ! »
« Blancs et Noirs : marions les couleurs ! »
« Ensemble pour changer le monde ! »
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Des questions en suspens sur le chemin du lycée central de Little Rock :
La ségrégation raciale n’existe plus depuis 1964 aux Etats-Unis. Mais qu’en est-il de la discrimination dans les Etats du sud aujourd’hui ?
L’élection d’Obama est-elle l’accomplissement de l’intégration, le couronnement du vivre ensemble ?
Molly était élève du lycée Horace Mann. Qui était Horace Mann ?
La NAACP (national association for the advancement of colored people) est-elle encore active? Et le Ku Klux Klan ?
Pourquoi le titre « Sweet sixteen » ?
 Chère Annelise Heurtier, « fringants ados, sans ride, sans chef et sans enfant », nous vous remettons votre diplôme d’auteur à lire et à relire, dans l’espoir que vous nous reviendrez vite, pour vos sweet thirty-five ?
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On s’empresse, on s’agite, on se bouscule, on tremble un peu en attendant son tour. Une dédicace, ça se mérite ! A.Heurtier est la « star » de la médiathèque ce matin-là! Signer des autographes est la rançon du succès et notre vedette tahitienne s’y prête de bonne grâce, pour la joie de tous ses lecteurs !
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Pour la première fois, nous avions la chance de rencontrer un  auteur en chair et en os ; cette chance,  nous l’avons saisie au vol,  et nous nous en réjouissons.
A.Heurtier, vous avez illuminé de votre présence ce froid matin de décembre sarthois. Et vous nous avez convaincus : la littérature a un pouvoir incroyable, celui de nous aider à grandir, à devenir ce que nous sommes vraiment.
Merci de vous être livrée en toute modestie, sans réticence ni faux-fuyants, au feu nourri de nos questions, de nous avoir permis de faire notre miel de vos réponses, d’avoir levé le voile sur l’alchimie mystérieuse de votre création. Merci d’avoir fait de cette rencontre  un moment précieux dont nous nous souviendrons de plus en plus parce qu’il a fait sens pour chacun d’entre nous. Merci d’avoir écrit Sweet Sixteen, merci de nous avoir ouvert les yeux sur les justes combats à mener, aujourd’hui et demain.

1 commentaire:

cieloysol a dit…

Quel reportage émouvant... On se retrouve toujours les larmes au bord des yeux quand on vient ici...